dimanche 13 février 2011

Renvoyé à l'expéditeur...

Monsieur, madame,

Etant actuellement à l’université de Caen, mes deux ans passées sur mon master cinéma, m’ont permise d’une part de me lasser de la recherche et d’autre part, de réfléchir à un projet culturel que seul votre filière pourrait me permettre de concrétiser. Le projet étant encore vague, je dois dire, mon intérêt se penche davantage vers les institutions culturelles quand, notamment les aspects de ma formation précédente (théorisation du cinéma et apprentissage de son Histoire) ont une influence dans le domaine publique et communicatif. L’idée d’apprendre le ciné à des trous du cul toute la journée me met en joie! Et la vous me dites que je pourrais continuer mon master à Caen, bien pénard, tel un acarien blasé accroché à son poil de moquette, et arrêter de vous faire suer avec cette lettre qui, avouons le, manque de savoir vivre. Détrompez vous car je défis en ce moment même cette arrogance universitaire qui consiste à accepter les siens, le coeur sous la chemise, et à rejeter les autres, peu dégourdis quant à leur projet professionnel, car il est juste de constater qu’il fallait une fois le bac sous le bras, plonger à Paris 8, 1, 3, je ne sais plus combien il yen a, pour espérer obtenir le master pro. J’ai été comme beaucoup d’autres, lynchée par mes mauvais choix, et au lieu d’avoir la larme en crue, ça dégouline abondamment devant mon énième refus sous prétexte que je n’ai pas le profil. Pourtant, il y a tant de camarades qui loupent deux fois leur bacs, et qui plus matures de leurs années perdus, mais enfin bacheliers, se ruent au commencement vers les portes de la gloire, dans vos universités, se plier à vos programmes identiques aux nôtres, mais valorisés par des années de renommées audacieuses. Je n’ai pas dit qu’il s’agissait de Paris, Paris fait d’ailleurs preuve d’un snobisme concocté uniquement par les provinciaux. Non, je parle simplement de l’autonomie des facs qui me hérisse le poil même en été, quand il fait bon de se les enlever. Cette autonomie systématique qui consiste à coller aux universités des yeux méfiants tournés vers l’étudiant étranger ou l’institution voisine, la langue aux aguets pour baratiner les nouveaux arrivants que, on le veuille ou non, il est d’abord nécessaire de refaire passer au détecteur de mensonges. A-t-il bien appris sa méthodologie? A-t-il lu assez de livres? A-t-il oui ou non préparé des stages même dans un programme qui ne s’y prêtait pas? A-t-il à des kilomètres de distance, montré autant d’intérêt que nous? Peu importe, car nos mains tremblent, puis se croisent avec dépit, devant cette imbécile demande de preuves où l’on se dit que quelques fois, il serait bon de noter l’ensemble du contenu de son crâne sur une petite liste, histoire de retourner au lit, l'honneur au sec, plus érudit que la veille. Hélas, messieurs dames, point de stage, point de connaissances exact énumérés sur PowerPoint, point de piston, ni même quelconque années parisiennes. Au lieu de ça, il existe une raison davantage gratifiante que celle que vous demandez, une colère incroyablement positive qui pousse à rattraper son retard quand, trop assis dans un parcours confortable, on a fait du gras sous ses privilèges. Outre la maxime de la chance du débutant, il existe la peur du débutant, l'indécrottable tremblotte qui le pousse à évaluer ses connaissances, sa méthodologie si précieuse et à voir le diplôme à côté de la lune. Il y a aussi la joie du théoricien en herbe, la pupille brillante, qui redouble de travail afin d’établir, (enfin!), un rapport productif entre ce qu’il a bouffé et ce qu’il peut vomir dans la vie active. En réalité, je ne compare pas le savoir universitaire à quelques déjections grippales ou pro festives, néanmoins il faut reconnaître que les interventions en débat sentent parfois le mauvais réchauffé. Mon projet, madame, monsieur, consistera donc à frétiller de la queue sur ce terrain snobinard, sortir mes idées crasseuses du tiroir, dégorger ma caboche et croiser mon insolence avec la votre dans le simple but d’essayer pour une fois de ne pas ressembler à un veau.
Veuillez agréez madame, monsieur, la chaleur suave et sucrée de mes plus exquis poutous poutous.

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